Ce que tu décris, ce n’est pas la fin de la liberté — c’est la mutation de sa forme.
Dans "Tout le monde n’aura pas la chance de quitter son pays", j’explique que nous ne vivons plus dans un État autoritaire au sens classique, mais dans un État d’encadrement total, qui régit tout par la norme, la morale et la procédure.
Ce n’est plus la brutalité du pouvoir qu’on subit, mais sa densité.
Le citoyen n’est plus un sujet qu’on opprime, c’est un administré qu’on infantilise.
Chaque aspect de sa vie — produire, circuler, se soigner, éduquer ses enfants, épargner — dépend désormais d’une autorisation ou d’un décret.
Et pourtant, le paradoxe est là : plus l’État prétend protéger, plus il contrôle ; plus il contrôle, moins il est capable de protéger.
Les criminels sont libres, mais les libres sont criminalisés.
Ce n’est pas la liberté qui disparaît, c’est l’autonomie qui meurt noyée dans la paperasse.
La France ne vit pas sous une dictature, elle vit sous une administration sans fin.
Et c’est souvent plus efficace : on ne brise plus les gens, on les épuise.
C’est tout le sens du livre — comprendre que le danger moderne n’est plus le pouvoir brutal, mais le pouvoir qui s’excuse en vous gouvernant à la loupe.