Le dernier cri de Pasolini.
Poète, cinéaste, prophète : Pier Paolo Pasolini fut abattu au matin du 2 novembre 1975.
Cinquante ans plus tard, son assassinat résonne encore : Pasolini, l’inclassable, fut tué pour avoir dénoncé le vrai fascisme — celui de la société de consommation.
Le cinéaste italien voyait dans la société de consommation un fascisme achevé. Aujourd’hui, sa prophétie s’accomplit : le totalitarisme prend les habits de l’antifascisme et s'exprime au nom du bien pour censurer, contraindre, "canceller".
Pasolini avait prévenu : le vrai danger viendrait d’un fascisme qui se croit antifasciste. Cinquante ans après, sa leçon vaut pour une gauche moralisatrice qui craint plus le peuple que les puissants.
Exclu du Parti Communiste Italie (PCI) pour cause d'homosexualité, haï des bourgeois et des révolutionnaires, Pasolini refusait les mensonges du progrès. Il voyait dans la pauvreté populaire une sainteté que la télévision et la marchandise ont détruite.
Dans sa mort, il avait déjà tout prévu — l’avènement d’un fascisme doux, médiatique, et moralement irréprochable.
Des intellectuels apeurés, des censeurs moralisateurs, des juges idéologues : le poète d’Ostie aurait reconnu le visage du pouvoir actuel. Il savait que la conformité triomphe toujours du courage.
Sur la plage d'Ostie, le jour se lève. C'est le lendemain de la Toussaint. Un cadavre gît dans son sang. Un jeune homme prétend qu'il a tué cet homme mûr qui avait sollicité ses faveurs. En 1975, ce genre d'affaires a tôt fait de discréditer, même une victime de meurtre.
Trente ans après, le jeune homme, qui n'en est plus un, dit la vérité : ce sont plusieurs hommes à l'accent sicilien arrivés brusquement sur les lieux qui ont commis le meurtre. Le cadavre avait annoncé avant sa mort qu'il savait des choses sur les malversations d'une certaine bourgeoisie. C'était un poète qui préférait le frioulan à l'italien, un cinéaste qui n'avait jamais appris à filmer.
Pier Paolo Pasolini est mort à 53 ans d'avoir été trop libre. Il y a cinquante ans, la société de consommation, la civilisation du luxe, de la luxure et de la laideur a eu raison de son ennemi le plus acharné. Peut-être devons-nous nous réjouir pour lui qu'il n'ait pas assisté à cette abomination qu'est devenue l'Italie politique et médiatique d'après sa mort, avec Berlusconi et ses soirées Bunga-Bunga.
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