LE JOURNALISME BAS DU CASQUE - En ce vendredi 27 octobre, le 13 heures de France 2 livre une copie particulièrement médiocre : faiblesse éditoriale, recherche du spectaculaire, incohérence du conducteur, biais militants, reportages truffés d’erreurs et d’imprécisions, dramatisation de l’actualité, infantilisation des téléspectateurs, micro trottoirs omniprésents, grande pauvreté du vocabulaire...
En Une et durant les 3 premières minutes, « Une baleine percute un windsurfeur »... Des images de très mauvaise qualité (émanant du smartphone du surfeur) sont alors diffusées en boucle à 8 reprises ! On y discerne à peu près rien sauf des vagues et une forme sombre qui surgit. En bonus, les témoignages lénifiants des protagonistes (le windsurfeur et un témoin de la scène) enchainant les lieux communs sans qu’aucune information digne de ce nom ne soit communiquée.
Le présentateur enchaine sur les dévastations à Acapulco, la traque du tueur aux États-Unis puis l’encadrement des loyers dans le Pays basque (sacrée logique éditoriale). Les invariables poncifs « les prix s’envolent » (utilisée pour lancer le sujet) et « flambée des prix » (titre du reportage) sont illustrées par une statistique : « À Bayonne, un T1 se loue 18% plus cher qu’il y a 5 ans ». Comme c’est la norme dans ce JT, le journaliste omet de prendre en compte l’inflation sur l’intervalle qui atteint environ 10% (source INSEE) ; cela signifie que l’augmentation réelle hors inflation est de 8 points (et non 18 !). En prenant des exemples de loyers extrêmes sans citer ses sources, le journaliste poursuit en expliquant que « Dans une région où les salaires sont faibles... ». Cette affirmation, elle aussi non sourcée, est fausse et trompeuse. Le salaire médian dans le Pays basque est de 32 500 euros par an et se situe dans la moyenne nationale (hors Ile de France). Là encore, aucune rigueur et la diffusion, mine de rien, de désinformations militantes inacceptables.
Le présentateur enchaine : « Voilà un anniversaire que vous ne serez apriori pas nombreux à fêter. Les radars fêtent leurs 20 ans de contrôle ». Le reportage, correctement documenté, est nourri par de nombreux micro trottoirs (d’archives et actuels) et par la description d’erreurs administratives qui donnent, forcément, l’impression d’une gestion médiocre de la part de l’État français.
Retour en plateau avec le sujet « colère » du jour (à chaque édition, au moins un reportage est consacré à des colères de Français). Aujourd’hui, il s’agit de décrire l’exaspération de locataires résidant à Montpellier et « qui n’ont plus d’eau chaude car la chaudière est en panne ; alors que l’argent est pourtant provisionné chez le Syndic mais rien ne se passe et surtout l’hiver arrive » nous informe le présentateur (également représentant Force Ouvrière à France Télévisions). Le reportage montre une mère de 2 enfants qui n’en peut plus de la situation : « Je chauffe, je chauffe, je chauffe de l’eau tous les jours, j’en peux plus ; j’ai pas que ça à faire ! ».
Sujet suivant, les habits d’occasion pour bébé, lui aussi à base de témoignages et de lieux communs (les prix sont moins chers d’occasion). Enchainement du présentateur : « Et dans ce contexte économique, le père Noël va sans doute devoir se serrer la ceinture ». Pour la gouverne de ce journaliste visiblement peu au fait de la situation économique du pays, la croissance française est positive et devrait atteindre environ 1% en fin d’année 2023 (parmi les plus élevées en Europe). Il poursuit « Alors pour éviter de gâcher la magie des fêtes, des enseignes mettent en place le paiement différé pour les jouets » suivi d’un reportage sur ce thème.
S’ensuit un nouveau reportage sur la ville de Strasbourg qui offre des paniers bios pour les femmes enceintes afin « d’éviter les perturbateurs endocriniens » (sans autre forme d’explications) puis l’incrédulité du présentateur qui ne comprend pourquoi le changement d’heure voté par l’Europe n’est pas appliqué par la France. Nouvelle fake news puisqu’aucun pays européen n’a pour le moment mis en place cette évolution. L’objectif est, comme toujours sur France 2, d’enfoncer l’État quitte à raconter n’importe quoi ; le tout suivi d’un reportage « marronnier » à base de micro trottoirs de Français insatisfaits.
Enfin, pour introduire le festival du chrysanthème en Allemagne, le présentateur dit : « La semaine prochaine, peut-être irez-vous fleurir les tombes de vos proches avec quelques chrysanthèmes. En France, cette fleur est traditionnellement associée au cimetière et à la Toussaint ; le chrysanthème est pourtant le symbole du bonheur et de l’honnêteté ». PA-SSIO-NANT !
Voilà pour la partie « information », la suite du JT est composée d’un long reportage sur la pâtisserie puis plusieurs autres sujets autour des terroirs. En résumé, un JT d’une grande faiblesse sur à peu près tous les plans (construction, narration, analyse, sources...) sans un mot pour la politique française, le contexte international ou le conflit au Moyen-Orient ; un journal bas du casque tout à fait indigne du service audiovisuel public.
@infofrance2