J'ai beau vieillir un peu, frĂ©quenter des gens trĂšs bien, boire des verres avec des conseillers dâUntel, ou le directeur de campagne dâUnautre, rencontrer telle ou telle personnalitĂ© bien en vue, je n'arrive pas Ă voir comment la solution au marasme actuel serait ailleurs que dans la radicalitĂ©. Ă mesure mĂȘme que je dĂ©couvre la solitude et la comĂ©die dans lesquelles baignent toutes les Ă©lites de la droite, que la trouille est au fond leur pain quotidien, je rĂ©alise que notre mouvance est essentielle, que nous nâavons pas le droit de baisser les bras, que mener une vie droite et communautaire est dĂ©jĂ un acte de rĂ©sistance en soi, Ă dĂ©multiplier Ă lâinfini.
Je ne veux pas dire que tous les influenceurs, journalistes, Ă©lus sont ses salauds inutiles et malfaisants, loin de lĂ : mais qu'ils sont presque tous habitĂ©s par une solitude et une crainte diffuses, ne vivent que dans un flot permanent dâactualitĂ©s, et entretiennent Ă cause de cela un demi discours, l'illusion que ça peut bien se passer avec quelques rĂ©formes, qu'un gouvernement d'union des droites suffirait, qu'au fond "tout le monde il est beau et tout le monde il est Français" pourvu que lâon rĂ©tablisse l'honneur outragĂ© du prĂ©sident Sarkozy, que tante Tanguy soit Ă lâĂconomie, que Retailleau revienne Ă lâIntĂ©rieur (mais attention, fĂąchĂ© cette fois, et les mains libres !) et que Villiers devienne ministre de la Culture.
Or Ă chaque niveau de dĂ©cision et dans chaque strate de la sociĂ©tĂ©, nous sommes dans les Ă©curies dâAugias. Un tel niveau de dĂ©cadence historique nâappelle pas au conservatisme bon teint, mais au renouvellement total et Ă la cautĂ©risation. Au courage sur le long terme et pas Ă la communication.
C'est pourquoi nos mĂ©tiers et nos familles d'une part, et de lâautre nos UDT, nos locaux, nos manifs et les pĂšlerinages, que certains regardent de haut, dont il ne faudrait pas sâapprocher par crainte du quâen dira-t-on, me semblent infiniment plus utiles et plus sĂ©rieux que tout le reste. D'ailleurs, ils portent des fruits concrets, contrairement au reste.
Ăa ne signifie pas qu'il suffise dâĂȘtre radical ou de le proclamer, ni qu'il ne faille pas sâamĂ©liorer et se contenter des initiatives actuelles, mais que la tentation institutionnelle est la perte de temps la plus sĂ»re et certaine que puisse connaĂźtre un militant dĂ©sireux de changements rĂ©els.
Si nous voulons ĂȘtre utiles et changer les choses, restons fidĂšles aux promesses de nos 20 ans, et agissons en adultes pour les tenir. En adultes ne signifiant pas "en lĂąches", mais avec responsabilitĂ©, pugnacitĂ©, intelligence.